Superpositions…
Imaginons l’objet optique suivant… une matrice formée d’une infinité de carreaux élémentaires disposés en ligne et en colonne chacun filtrant la lumière suivant ses propriétés propres de réflexion, réfraction, et diffraction : l’image perçue au travers de cette matrice est donc fonction d’une configuration spatiale des propriétés.
Superposons à cette matrice une deuxième matrice et considérons que deux carreaux identiques accolés transversalement filtrent la lumière invariablement comme s’il n’y avait qu’un carreau ; autant de matrices identiques superposées produisent donc la même image qu’une seule matrice.
A contrario, deux carreaux non identiques accolés transversalement filtrent la lumière suivant une composition de leurs propriétés et génèrent une image différente de chacune des images produites lorsque les matrices sont dissociées.
Modélisons simplement l’esprit comme une superposition de matrices de perception…
Le recul nécessaire à l’appréciation objective d’une situation requiert une dynamique de l’esprit à pouvoir se mouvoir d’un mode de perception à un autre, particulièrement aux croisements où atavismes ou influences culturelles diverses peuvent s’entrechoquer dans un maelström de subjectivité :
- Un recul, par dissociation des matrices culturelles
- Une appréciation, par comparaison des configurations matricielles
Les ajustements nécessaires à l’intégration s’opérant techniquement au niveau des propriétés…
Vue due Mont Fuji depuis un lac / Patric L. Arcouët
Kamon “Fleur de Lys et Chrysantheme” / Patric L. Arcouët
Les atavismes sont ceux d’un père français d’origine française par son père et d’origine japonaise par sa mère, et d’une mère française. Les influences culturelles, celles d’une expatriation depuis l’âge de… deux mois :
- 1962-1964 : Thaïlande
- 1964-1968 : Japon
- 1968-1973 : Pays-Bas
- 1973-1978 : Maroc
- 1978-1983 : France
- 1983-1984 : Allemagne
- 1984-1987 : France, Allemagne
- 1987-1990 : Etats-Unis
- 1990-2005 : France
C’est dans l’entre-deux-guerres que mon grand-père paternel Henri-Nicolas Arcouët (Croix de Guerre) partit au Japon dans le cadre de la Mission Française d’Aéronautique au Japon en temps qu’instructeur auprès de l’aviation impériale (Ordre du Trésor Sacré). Il épousa Chiyoko Abe et eurent deux enfants : Yvonne et Jean-Marie, mon père. La Seconde Guerre mondiale fut particulièrement éprouvante à Karuizawa : La faim essentiellement… la famille s’installa ensuite à Yokohama dans le quartier résidentiel du « Bluff » . Mes grands-parents s’établirent ensuite a Bangkok en Thaïlande.
Mon père débuta sa carrière en tant qu’agent commercial à la Northwest Airlines à Tokyo (Haneda) jusqu’à son incorporation sous les drapeaux en Indochine avant de rejoindre la Compagnie nationale Air France à Paris (Orly) et repartir en affectation aux représentations de Bangkok, Tokyo, Amsterdam, Casablanca, (Paris aux réseaux) Hambourg, et Prague où il termine inspecteur principal (Médaille de l’Aéronautique, Ordre National du Mérite). Il épousa Monique Villard, hôtesse de l’air, et eurent trois enfants : Patrick, France, et Marc. Il décède le 22 janvier 2003 à Paris.
Responsable du suivi après-vente d’équipements moteurs à Aircelle (Groupe Safran), je définis et mets en œuvre les plans d’actions nécessaires à la gestion de faits techniques en exploitation : une coordination globale entre fournisseurs, motoristes, avionneurs, et compagnies aériennes…
Dans le continuum familial : l’aéronautique et l’international.
L’adolescence m’a fait prendre conscience de cette originalité d’approcher les choses d’une manière que je ne pus encore analyser à cet âge, faute de maturité, mais repérer, ressentir, et admettre, au moins instinctivement, et plus intensément au fur et à mesure que je m’ouvris aussi à d’autres cultures.
Mon analyse aujourd’hui est celle d’une approche superposant des perspectives dont les fuyantes convergeraient vers un idéal de tendance universaliste… perspectives d’origines occidentales d’inspiration chrétienne et cartésienne, et perspectives d’origines asiatiques d’inspiration contemplative et méditative.
Les influences culturelles de l’expatriation constituent plus une imprégnation qu’une condition, mais ne demeurent pas moins importantes dans la soutenance d’une appréciation consolidée par le consensus, soient-elles issues du rationalisme européen, du confucianisme asiatique, du pragmatisme américain, etc.
L’art comme moyen de projection, d’expression à la croisée de ces chemins…
De ces considérations métaphoriques d’optique et de géométrie aux arts graphiques, il n’y a qu’un pont !
Le dessin, la C/DAO (Conception / Dessin Assisté par Ordinateur), la peinture, la photo, le design, et l’écriture occasionnellement .
Une véritable passion que j’entretiens depuis mon enfance dans la restitution de souvenirs, d’impressions, d’ambiances (Paysages, natures mortes, scènes), dans la conception d’objets imaginaires (Avions, bateaux, autos, maisons), dans l’illustration technique, commerciale, ou artistique, dans la création de blasons associant « kamons » et armoiries d’origines diverses, et depuis peu, dans la publication régulière de « haïkus » en anglais dans l’Asahi Shimbun (Copyright Asahi Haikuist Network *) .
L’inspiration ne se commande pas ! Elle jaillit d’un concours de circonstances telle une éruption de sentiments à traiter sur le vif avant qu’ils ne refroidissent et se tarissent de leur teneur… une opportunité rare dans un environnement souvent imprévisible, non reproductible, et réunissant les conditions favorables du moment…
Je me souviens de l’hospitalité du peuple japonais, de notre maison à Tokyo (Roppongi), des promenades à Haneda (pour voir les avions !), Kamakura, Hakone, Hayama, et Yokohama, dans la Prince Gloria noire de mon père, des villages, des paysages, de la nature, et plus récemment, de l’ascension du Mont Fuji : « Que les kamis soient avec toi ! » s’exclama Kumiko, l’épouse de mon cousin Tony, avant que je ne quitte Fujisawa sous la pluie… Le lendemain, depuis le cratère, je vis le soleil se lever sur une mer de nuages contenue par les kamis en deçà d’une altitude laissant encore augurer des dimensions imposantes du volcan (Niveau 5e Station) : impérial : à l’origine de mon premier “haïku” et très souvent en arrière plan de mes dessins, comme le répresentèrent, à leur niveau, les Maîtres Hokusai et Hiroshige dans leurs estampes… En symbole d’éternité ? De vigilance nationale ? Questions impudiques…
Méditations métaphysiques et Zen…
Des instincts oubliés issus de réminiscences aidées de nostalgie et favorisées par la sérénité de lieux de pèlerinage tels que les temples de Chion-in, Daïsen-in, ou Ryoanji à Kyoto me firent reprendre conscience de cet héritage par la manifestation quasi-palpable d’une chimie du cerveau restauratrice de liens perdus ou altérés au fil des années, notamment au niveau de la maîtrise des émotions, de l’appartenance à un tout, du destin, de l’ordre, de la nature, de l’humilité, du respect, de la fierté, et de l’honneur… ressentir profondément une culture dont je ne possède pourtant pas la langue… et m’intéresser aux origines du patriotisme nippon : Esprit du Yamato (Damashii) et Bushidô, nietzschéen et clausewitzien par certains aspects, interpellant à la lumière de la polémique liée à la visite du Premier Ministre Koizumi au sanctuaire militaire de Yasukuni, néanmoins grisant par cette capacité fédératrice sur le plan économique (Banzaï!).
Une intégration flexible, sans concessions, compromissions, ou remises en cause fondamentales ; Au contraire, dans une communion de vertus, de rapports, et de valeurs compatibles ou complémentaires à un système occidental aux facettes culturelles déjà multiples… d’inspiration gréco-latine, germanique, celte, scandinave, slave, et américaine…
Une superposition de maUne superposition de matrices dont les ajustements de forme ne perturbent en rien la perception d’une image réaliste de monde.
Je dédie cet essai à ma mère, à mon père défunt, à ma famille, à l’humanité, à la Terre..
Henri-Nicolas et Chiyoko Arcouët
Arcouët Mont Fuji, 3776 mètres(Juillet 2003)
Patrick L. Arcouët
Le Chesnay, mai 2005
