Le Pont

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Empli de lumière

2002/12/11 (Wed) 03:52 | Kaléidoscope, Le Pont

Pour un artiste, créer encore et toujours des œuvres est une aventure.
Beaucoup de temps est en fait consacré à la recherche de soi-même.

Les choses belles qui existaient avant notre naissance subsisteront après nous.
De notre vivant, nous touchons à des choses essentielles qui participent à révéler notre être profond.

*

Depuis le début, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Nous ne pouvons même pas en forger le projet.
Nous vivons des expériences que nous imaginons personnelles, tout en comprenant qu’elles jalonnent un chemin difficile nous menant à une “universalité” vaste.
Au-delà nous attend un “ego inconnu” que nous n’avions pas encore abordé.

La création d’une œuvre participe de ce processus.
Lorsqu’on est touché par la beauté de la nature, on commence à peindre sans rien avoir programmé.
Bientôt, le moi subconscient vient s’y refléter.
Cette répétition tisse une individualité que l’on ne connaissait pas encore.

*

J’ai vécu une expérience où le monde débordait de lumière.
C’était comme si je m’évadais d’un tunnel long et sombre, et que tout alentour n’était que beauté.

C’était un bonheur enveloppé d’une lumière étincelante.
Dans son caractère originel, la lumière converge vers la musique ou les beaux-arts, toutes choses créées par l’Homme.
En vivant sous la conduite de la lumière, l’envie de peindre me vint au moment où je compris que je devenais moi-même.

*

Je suis né au Japon, ai vécu sur une île de la Méditerranée, et réside actuellement dans la patrie du Royaume des Francs.

Les vitraux de la Sainte Chapelle, les tableaux des peintres primitifs, les enluminures, les cloisonnés, l’architecture et la sculpture romanes et gothiques, tous prennent leur source dans le travail des pierres précieuses par les Mérovingiens. La même lumière y est cachée.

L’art de la lumière est né dans les territoires métissés des Celtes et des Germains.
Autrefois, cet art de la lumière tournée vers l’intérieur existait aussi au Japon.

*

Je suis entré en contact avec la Magna Mater, la déesse-mère qui sommeille dans les couches anciennes de l’Europe, le jour où une certaine musique m’a traversé de part en part.

Marcel Pérès décocha un éclair qui provenait des temps les plus anciens.
Dans l’abbaye de Moissac, une terre de pèlerinage tournée vers un champ de pluie d’étoiles, je regardai fixement son profil dirigé vers l’orgue.

Au moment où il joua du Mozart, je me retrouvais dominant la nef de l’église vers laquelle je m’étais retournée.
A mon grand étonnement, la lumière se stratifiait dans un vacillement de flammes innombrables Dans une lumière douce, la musique est pleine.

*

La peinture et la prière sont une même chose. La prière, Kyrie Eleison, Miserere.

L’ombre aussi, la lumière,

La lumière … est pleine.

Traduction : Catherine MOLLET

Masaaki GOMI

Né à Tokyo.
Diplômé de l’université des beaux-arts Musashino. Section : peinture à l’huile.
Etude des techniques primitives de peinture à l’huile en Espagne.
Auteur de « Notes de peinture » expliquant le processus pratique des techniques primitives.
Elaboration de sa technique personnelle « Silky Painting » (peinture des couches de lumière).
Habite en Belgique.