AVENTURE

2002/12/11 Wednesday 05:27 | Kaléidoscope, Le Pont

Accepter d’écrire sur « l’aventure », en voilà une aventure ! Et si d’aventure j’y parvenais, cela n’aura pas été évident au départ ! Partons donc à l’aventure, et advienne que pourra !
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Il faudrait d’abord savoir de quelles aventures on va parler, car un mot, surtout un mot abstrait, évoquant un concept et non un objet, est toujours le résultat d’une longue histoire. Un mot pourrait être comparé à un morceau de roche qui de là-haut se détache de la montagne : il est anguleux, et de forme difficile à décrire ; cette pierre va glisser peu à peu vers la vallée, rejoindra un ruisseau, roulera ensuite dans le lit d’un torrent, y arrondira ses angles, se polira et deviendra galet à force de se frotter aux autres ; tout en bas un de nos lointains ancêtres hirsute la remarquera, et, si elle présente un début de méplat, alors il en fera un polissoir, ou bien elle est plutôt ronde et bien en main et elle deviendra projectile ; taillée, elle sera un outil. Son histoire aura donc été une longue aventure, et les mots qui la désigneront se seront adaptés à ses usages. De même les premiers mots des hominidés n’étaient que de frustres appels, résonants dans les plaines arborées, de simples signaux annonciateurs d’un danger, ou invitant à suivre le chef pour l’expédition de la journée. Beaucoup d’animaux faisaient d’ailleurs et font encore de même : résonne encore à mes oreilles, dans la jungle amazonienne, au moment précis et brusque où tombe le jour, l’étonnante clameur qui s’élève de toute part, permettant aux oiseaux de se rassembler espèce par espèce pour la nuit, clameur sombrant soudain dans le silence ; je me souviens aussi du hurlement modulé des colobes africains, ces magnifiques singes à queue et à collerette blanches, hurlements qui retentissent, à l’aube, d’une cime à l’autre, et permettent à ces animaux de se rassembler, pour partir en groupe vers les cueillettes de la journée. Chez les hommes, grâce à l’évolution particulière de leur pharynx, les cris et appels se diversifieront il y a quelques millions d’années : les cris deviendront des sons mieux différenciés, les prononciations et les significations s’unifieront à l’intérieur de groupes locaux avec la multiplication des échanges. Comme les galets, les mots s’ajusteront les uns aux autres. Un exemple à part sera plus tard celui du Chinois, qui aura vu se différencier, localement, la prononciation des caractères au point que les Chinois du nord et du sud ne pourront plus se comprendre par la parole, mais uniquement en écrivant. Les caractères ayant cependant gardé une seule signification d’un bout de la Chine à l’autre, cela aura préservé l’unité de cette civilisation. On voit que chaque mot, chaque langue résulte, comme le galet dont nous parlions, d’une aventure ayant duré des siècles.
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Et comme les autres mots, celui « d’aventure » aura vu son sens s’ajuster à ses utilisations diverses. Pour mieux en saisir les nuances, nous évoquerons ses origines et ensuite ses modes d’utilisation. « Aventure » est d’origine sanscrite, c’est un mot proche de « avatar », et l’avatar en sanscrit, c’était l’individu qui se séparait de son groupe, abandonnant sa protection. Par ailleurs dans le mot « aventure » il y a « avent » ; or l’avent dans l’année liturgique chrétienne, c’est la période de quatre semaines qui précède Noël : c’est donc une période d’attente tournée vers ce qui va advenir. Le mot « aventure » correspond en effet à une suite de situations qu’on entreprend d’affronter tout en acceptant les aléas éventuels. L’aventure est une démarche comportant des risques et dont le déroulement n’est pas connu d’avance.
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Le mot « aventure » peut de plus, correspondre à deux situations distinctes :
– La première privilégie un rôle passif de la part du spectateur qui observe la suite des événements et au plus accepte, voire espère quelques surprises. C’est le cas lorsqu’on va voir un film d’aventures ou quand on lit un roman policier. C’est distrayant, cela peut susciter des émotions, cela n’engage guère.
– La deuxième sorte d’aventure est d’un tout autre niveau, elle est l’occasion pour celui qui s’y engage de passer du statut d’observateur à celui d’acteur : cette sorte d’aventure est spécifique à l’homme, car il peut se faire une idée, grâce à son intelligence, de ce à quoi il faut s’attendre ; il doit évaluer les aléas et les accepter, il lui faut un minimum de détermination, puis, il se lancera après avoir jugé que le risque en valait la peine.
L’aventure à laquelle il se contentait d’assister devient alors, une aventure de son esprit. On cernera encore mieux le sens du mot « aventure » en donnant une série d’exemples qui le montreront dans différents contextes. Cette approche correspond, notons-le, à la forme de pensée privilégiée par les Chinois, qui préfèrent aux définitions chères aux Occidentaux, la méthode correspondant à rendre plus compréhensible un concept, ou un objet, en présentant ses divers usages ; c’est aussi l’approche de la physique moderne ; après qu’on ait cru identifier des particules et qu’on se soit aperçu qu’elles étaient aussi des ondes, puis des manifestations d’énergies fluctuantes ; après qu’on ait cru vivre dans un espace stable et confortable, dans un temps régulier et paisible, Einstein est arrivé pour nous montrer que ces notions de temps et d’espace qui paraissaient auparavant claires et indépendantes étaient indissolublement liées ; après donc qu’on ait découvert que nos sens, que nous pensions aiguisés, nous trompaient à chaque instant ; après qu’on eut abandonné l’idée de percevoir l’intime réalité de la matière, et qu’il fallut se contenter désormais d’imaginer des édifices mathématiques n’ayant plus l’ambition de décrire la réalité, mais au mieux de permettre au calcul de suivre et de prédire le déroulement des événements ; après qu’on eut pendant trois mille ans, ou plus, tourné autour de ces notions, les abordant de tous les côtés, après donc cette immense aventure de l’esprit, on en sera revenu en somme aux conclusions de Platon, qui déclarait ne rien pouvoir connaître au-delà des ombres projetées par le monde extérieur, (réel mais inaccessible) sur les parois de sa grotte, ou aux conceptions bouddhistes qui considèrent que tout étant illusion, il convient grâce à l’illumination d’en sortir au plus vite. Mais une fois de plus, il vaut mieux donner des exemples que raisonner trop longtemps !
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Commençons donc par évoquer la plus inouïe de toutes les aventures, celle dans laquelle nous voici plongés, que nous le voulions ou pas : à savoir la naissance, (ou la création, suivant les croyances de chacun), de notre univers, puis de la vie, puis de l’homme. Reconnaissons que ce faisant, nous commençons par nous écarter quelque peu du type d’aventure que nous venons de définir : car dans cette aventure dont nous allons parler, nous ne sommes que spectateurs ; mais tout change si nous nous plaçons du point de vue du créateur : Lui, n’a pas hésité à se lancer dans la plus risquée et la plus improbable des « aventures ». Un esprit chagrin pourrait certes nous dire que le risque n’était point, puisque le créateur était omniscient ! Mais la notion de risque et d’aventure apparaît à nouveau au moment même où le créateur introduit un espace de liberté, pas seulement celle des futurs hommes mais celle qui apparaît clairement, sous la forme un peu différente du hasard, dans le déroulement du cosmos. Cette possibilité d’une « omniscience limitée » du créateur tout puissant, pourquoi en effet ne l’envisagerait-on pas ?, quand on sait que de leur côté, les physiciens postulent actuellement l’existence de mondes différents du nôtre mais avec lesquels toute communication est impossible à établir par principe. Dans ces conditions, pourquoi le créateur, bien plus puissant que les physiciens, n’aurait-il pu susciter la création d’un monde dans lequel il n’est pas, (se situant lui-même hors de l’espace et du temps) : monde doté d’imprévisibilité, de liberté, et donc échappant par son choix délibéré à son omniscience de base. Voyons donc maintenant à quel point « l’aventure » en question – nous maintenons le mot – est inouïe ! Situons-nous au début de la création de l’univers : l’espace-temps (créé forcément en même temps que ce que nous appelons matière) est soudain là, constitué d’une soupe énergétique portée à des milliards de degrés, et de cette soupe, apparue voici 15 milliards d’années, dériveront plus tard nos cieux étoilés, nos calottes glaciaires, nos forêts tropicales, nos prairies paisibles, nos papillons et nos enfants ; vraiment ne sommes-nous pas là témoins de la plus impensable des aventures ! Les chances d’en arriver là auraient été jugées en ce temps-là imprévisibles et nulles ! Revenons encore d’une autre façon sur l’histoire du monde physique, gouverné par un petit nombre de grandeurs fondamentales qui n’auraient pu être que ce qu’elles sont, à quelques millionièmes prêt, afin que la matière puisse se former. Rappelons aussi que notre terre ne pouvait être qu’à la distance du soleil qui est la sienne et tourner à la vitesse où elle tourne, pour que la vie que nous connaissons puisse naître un jour : on sait tout cela maintenent. Et cette accumulation de « hasards » reste assez incroyable. Après cela, le développement de la vie fut, lui aussi, dès le départ, une deuxième aventure complètement folle, (mais pas tout à fait, puisque nous voici là ! ). C’est ainsi, par exemple, qu’il y a environ 500 millions d’années, la créativité de la vie se multiplia brusquement, conduisant à une prolifération invraisemblable de structures animales nouvelles : la plupart de ces structures ont disparu sans descendance, mais l’une d’entre elles, une sorte de ver aplati de 5 centimètres de long, le « pikaia » se maintint on ne sait pourquoi : or ce fut le premier chordé connu, et l’ancêtre en particulier de tous les vertébrés dont nous sommes ; si le pikaia s’était éteint, comme la plupart de ses contemporains, nous ne serions pas là pour en parler ! Ensuite, à 4 ou 5 reprises au cours des millions d’années suivantes, des extinctions massives d’êtres vivants ont eu lieu. Par exemple il y a 225 millions d’années, 95% des espèces existantes ont disparu ; il y a 60 millions d’années, suite au hasard de la chute d’un gigantesque météorite, une poussière telle a été soulevée, que la nuit est descendue provisoirement sur la terre, qui privée de soleil, s’est glacée. Les plantes ont largement disparues, les grands reptiles herbivores ou carnivores en sont morts de faim ; alors les petits vertébrés qui se cachaient pour leur échapper se sont multipliés et ont pu commencer à se diversifier ; certains, voici quelques millions d’années, sont devenus des hominidés, puis des hommes. Notre lignée n’a donc pu se maintenir qu’après une série de coups de dés qui ne nous laissaient raisonnablement aucune chance de jamais apparaître. De fait on estime que sur toutes les espèces vivantes qui ont existé, celles qui restent n’en représentent que 5 %. Mais cette prodigieuse aventure, de la matière et de la vie, dont nous sommes un des aboutissants, n’étaient, comme nous l’avons déjà dit, quand même pas tout à fait la nôtre. C’était celle du créateur qui paraît avoir pris alors de bien grands risques.
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Un exemple négatif pourra, à son tour, aider à comprendre ce que j’entends par « une aventure » au plein sens du terme. Les oiseaux migrateurs qui passent chaque année de l’Arctique à l’Antarctique, les anguilles qui traversent l’Atlantique pour se reproduire, ne suivent leur route et leur destinée hasardeuse qu’en suivant leur instinct. Parfois ils meurent, mais sans jamais avoir envisagé de risque. Par contre pour les hommes, seuls doués d’une conscience évoluée, l’aventure est affaire de décision, elle est partout à condition d’avoir un goût minimum du risque. L’aventure peut avoir de nombreuses motivations, par exemple la passion de la découverte, le désir du record, l’espoir de la notoriété. Les aventures peuvent faire triompher ou mourir ; l’aventure reste en somme un privilège de l’esprit, elle charge la vie de saveur. L’aventure peut être vécue dans tous les domaines : en voulant aller trop loin et créer son monde à lui, le peintre Nicolas de Staël a fini par en mourir ; le philosophe, Nietche a fait de même. L’exploration sur et sous les mers, dans les régions arctiques et dans l’espace, s’est souvent terminée dans la mort, mais parfois aussi dans la gloire. A vrai dire, une vie sans risque, sans amitié, sans amour, en vaudrait-elle la peine ? Prenons l’exemple de « l’aventure amoureuse », si courante qu’elle en est devenue expression : c’est une catégorie d’aventure assurément non sans risque ! (mais rentre-t-elle tout à fait dans le domaine de notre définition, car la notion de risque conscient subsiste-t-elle quand la passion gouverne ! ) Cependant quelle aventure, elle est, cette aventure amoureuse : car chaque être humain est comme une planète inconnue ; au travers du regard de l’autre, chacun accède à un monde des apparences tout différent du sien. On ne peut certes pas atterrir sur chacune de ces planètes, mais une navigation en orbite peut aussi apporter sa récompense.
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En ce qui me concerne, j’ai l’impression que ma vie aura été une succession d’aventures : Etudiant, passionné par la physique, j’allais régulièrement retrouver le physicien Joliot Curie, à la station du boulevard Saint Michel : je l’accompagnais à Ivry dans un hangar pour l’assister dans ses premières expériences de radioactivité artificielle. J’ai donc à cette époque frôlé le monde des grandes découvertes atomiques à venir. Joliot est mort d’un cancer prématuré, peut-être lié à ces expériences dont nous ne mesurions guère le danger ; j’avais pour ma part changé assez vite d’orientation, et j’ai donc survécu… J’ai quelques années plus tard abandonné ma situation de fonctionnaire, et d’Ingénieur des Ponts et Chaussées, pour travailler dans un garage à Levallois : je voulais travailler de mes mains et aussi développer quelques brevets. L’aventure avait du reste convenablement réussi, ce fut une merveilleuse expérience, (au départ cela n’avait certainement pas la forme d’un risque raisonnable). Ensuite m’a tenté le démon des voyages, qui sont des aventures en soi, et qui allaient me faire connaître le monde. Je fis de longs séjours successivement aux Etats-Unis, en Australie et en Argentine, avec deux fois de longues échappées hors profession, une fois en Amérique Centrale, et une fois dans les îles du Pacifique ; tous les moyens de transport m’étaient bons, et chaque fois le désir impérieux d’aller plus loin me poussait vers l’étape suivante ; ce ne fut pas toujours facile, mais que de bonnes surprises ! Hélas, il me fallut reprendre mon travail à Paris. J’ai voyagé encore beaucoup, je me suis mis aussi à peindre et à connaître nombre d’artistes. J’avais chemin faisant entrepris une nouvelle aventure, en relation avec mon vif intérêt pour la position de l’homme dans la nature ; je m’étais, en particulier, intéressé à la botanique, et j’ai en 1968 entrepris de créer en France un parc botanique, sans d’ailleurs aucunement savoir ce que j’allais y mettre. Cette aventure occupa pendant 30 ans une partie de mes week-ends, couronnée par la surprise de recevoir, voici dix ans, le premier prix national de la Société Nationale d’Horticulture de France. Le Parc possède 2300 espèces de plantes, c’est devenu mon paradis. Je continue à courir le globe, de préférence sous la tente, avec les amis qui veulent bien m’accompagner. J’avais d’autre part, accepté la Présidence de la Sté des amis du Musée Cernuschi… Cela m’a donné de rencontrer des personnes éminentes dans le domaine culturel. Je m’occupais aussi depuis longtemps d’affaires avec le Japon, ce pays aussi admirable par sa culture, et son sens de la beauté, que par son raffinement.
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Pour illustrer encore un peu plus la notion d’aventure, pour évoquer surtout les surprises et les joies qui s’y associent, je citerai pour finir quelques anecdotes, parmi des dizaines d’autres. Par exemple, en Chine, une de mes premières et plus grandes émotions fut à Pékin. Il y avait une exposition au Palais d’Eté ; un rouleau de calligraphie était déroulé sous un plateau vitré ; les caractères en étaient tracés de façon si noble et par une main si sûre que ma gorge se serra d’émotion devant une telle beauté. Naturellement le sens de ce manuscrit m’échappait ; « ne soyez pas surpris », me dit l’interprète devant mon saisissement, « ces caractères sont de la main d’un empereur qui vivait voici plusieurs siècles, et qui fut probablement le plus grand calligraphe de notre pays. » Ce jour-là j’ai compris la grandeur de la Chine, et la richesse unique de l’écriture chinoise qui transmet sa pensée autant par la façon dont sont tracés les caractères que par leur sens. Ce moment d’émotion me rappelle aussi la façon dont j’ai un jour compris la peinture abstraite. Un peintre notoire que je visitais me montra une reproduction d’un tableau italien classique célèbre et le raccrocha à l’envers : « Voyez, dit-il, comment le sujet a disparu, mais comment toute l’harmonie des lignes et des couleurs restent celles d’un chef-d’œuvre ».
Evoquons maintenant un domaine bien différent : autrefois, lorsqu’on voyageait en bateau, on pouvait, bien avant d’arriver, respirer l’odeur des continents : le parfum des lentisques du maquis corse, l’odeur de choux aigres en arrivant en Corée, une sorte d’odeur chocolatée en approchant du Brésil. Hélas, les voyages en avion ont supprimé ces approches progressives, et en même temps, les rêves d’aventures qui anticipaient les arrivées au port. Je me souviens aussi d’une plongée au large des côtes australiennes ; je vois encore cette sèche géante, sortie de nulle part, soudain me regardant avec ses yeux d’un autre monde ; elle flottait et ondulait comme un rêve nacré, comme une luminescence surgie des profondeurs bleues sombres du Pacifique. Une autre fois, j’ai été saisi de peur en sentant, avant de l’avoir vu, un poisson pilote me prendre pour son requin et se coller brusquement sur ma cuisse : ce n’était pas dangereux, mais j’étais seul, sur une île déserte. (J’ai eu avec des requins des rencontres autrement inquiétantes ! ).

Plus intéressantes encore sont les rencontres avec des hommes ; par exemple cet ermite hindou, installé sur les contreforts de l’Himalaya, ou cet autre ermite, français celui-là, installé dans un lieu secret des Cévennes ; je me souviens aussi, du volcanologue français un peu fou chargé de surveiller les humeurs de la montagne Pelée ; je me souviens de paysages à peine réels, de levers ou de couchers de soleil impossibles à décrire, de tant de déserts de sable étalant la nuit leurs velours blonds sous les étoiles, et qui avec le jour, laissent apparaître des cordons de dunes d’une absolue pureté ; comment eut-il été possible de ne pas vouloir franchir la crête suivante ! En Afrique, je me souviens de ces magnifiques Masaï, de leurs chants et de leurs danses, un soir sous les étoiles ; je me souviens de ces moines bouddhistes, d’obédience Zen ou autre, de ces moines taoïstes ou shintoïstes, de ces brahmanes, de ces bénédictins de France ou ailleurs, qui chantent, prient et partout cherchent à approcher l’invisible.

Notre terre est admirable, les hommes le sont encore plus. Mais pour bien comprendre tout cela, il vaut mieux sentir que penser ; n’oublions pas que le mot « comprendre » vient de « cum prehendere », ce qui veut dire absorber, embrasser, s’imprégner ; il faut ouvrir toutes ses antennes aux vents qui passent, aux regards, et aux parfums. L’aventure n’est pas dans l’art de la mesure de tout, elle est un peu folle et elle doit l’être, pour permettre d’aller plus loin. L’aventure, je la ressens comme une sorte de nappe moirée qui se déroule loin devant moi. Peut-être, à quelque distance, là où la vision se fait un peu floue, en un lieu inattendu, une lueur pourra-t-elle prendre forme ; car les sirènes, cela existe… L’espace qui nous en sépare n’est peut-être pas dépourvu de risques, mais, inutile de résister : le bonheur est au long de la route, il est aussi au bout du chemin.

Comte Hubert TREUILLE
Né en 1919 à Paris.
Président honoraire de la société des amis du musée Cernuschi,
ex-président de Mitsukoshi France.
Habite à Paris et au Prieuré d’Orchaise (près de Blois).
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Dans son bureau, Monsieur Treuille raconte ses aventures passionnantes.
Ses yeux brillants sont ceux d’un garçon d’une curiosité insatiable.
Dans sa vitrine dorment les preuves de ses aventures, des papillons, des insectes, des pierres étranges etc…






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